Like a Moment ♥ PV - Seabiscuit`.

La caverne était telle que je m'étais imaginée : ensorcelante. Toutes les couleurs réunies se réunissaient sur les joyaux et explosaient en une myriade de petites étincelles colorées, à chaque mouvement. Le feu à l'entrée me mettait à l'aise, il était éternel. Captivée par ces mouvements hypnotiques, je ne remarquai pas tout de suite qu'un cheval s'approchait de moi. Un étalon, à première vue. J'espère que ce n'est pas une jument qui lit dans les pensées, je serais mal. Tranquillement, je détournai le regard et le regardai dans le fond des yeux. Une pouliche avec moins de caractère et de volonté que moi aurait tout de suite baissé les yeux. Mais ça ne fit qu'intensifier ma volonté. Yeux dans les yeux, j'avais l'impression qu'il lisait en moi comme dans un livre ouvert. J'essayai de toute mes forces de repousser cette sensation, car je n'étais pas sure qu'il ait vraiment des pouvoirs. Ses beaux yeux noirs étaient emprunt d'un telle force que ce n'était peut-être qu'une sensation, une image par mon cerveau qui avait essayer d'interpréter ses émotions. Quoi qu'il en soit, j'étais toujours plantée devant lui, fermement décidée à chasser cette sensation désagréable. Elle finit par disparaitre, comme un feu qui s'éteint. Mais au prix d'un énorme effort de volonté. Ce cheval était spécial, je le su tout de suite. Mais dans quelles proportions ?

" Qui est-tu ? " Dis-je enfin.

Le murmure qui m'avait échappé semblait s'envelopper autour de lui, en s'amplifiant sur les murs de la caverne et sur ses joyaux. Le spectacle qu'offrait ce bel étalon n'en était que plus beau. Les couleurs étincelantes le caressaient comme un doux chuchotement, se confiant à lui comme à un ami.

J'étais là, j'avançai au trot. Au fur et à mesure de mes foulées, je remarquais avec mon flair une jument typé Pur Sang non loin. Je soigna mes crins dont ma crinière et mon toupet. Je les remis en place en m'ébrouant. Je m'arrêta. J'étais devant cette caverne... La caverne aux joyaux. Je resta debout, mes sabots côté à côte je fis virevoleter ma queue, et la mis en Panache histoire de faire bonne impression. Puis, je fis gratter le sol avec mon sabot antérieur droit, tout en arrachant l'herbe haute du sol. Ainsi je fis mon départ au galop, j'étais parti en trombe à la rencontre de cette jument. Je voulais tout savoir sur elle, de quel clan fesait-elle partie, son âge, sa race, tout ! Tête baissée, je fonçais à sa rencontre. Je me cabra, puis repris mon galop si soudain. Sa y est, je la voyais enfin, une jument alezanne. J'étais devant elle, je m'arrêta, et je la regarda droit dans les yeux. Mon regard sombre et hypnotisant avait l'air de l'intéresser.

" Qui est-tu ? "

Me demanda-t-elle. J'eus un temps d'hésitation, puis je lui répondis.

" Je me nomme Seabiscuit ; et toi, qui es-tu donc ? "

Lui répondis-je avec froideur.

L'étalon se prénommait Seabiscuit. Un très joli nom. Mais il m'avait répondu avec une certaine distance. Aïe. Je lui avait peut-être manquée de respect en ne baissant pas le regard. Il l'avait peut-être pris pour un défi, alors que j'étais juste fascinée. Autant calmer le jeu...

" Moi, c'est Siska.Je suis une fille de l'été. Et toi, à quel clan appartient tu ? L'Hiver ? Le Printemps ? Et ... Je peux t'appeler Sea ? " Répondis-je en secouant amicalement la tête.

C'était peut-être un peu familier, surtout aussi tôt, mais je trouvais que c'était mieux pour se mettre à l'aise, et parler. C'était d'une certaine manière plus convivial. Je piaffais légèrement, attendant sa réponse. Qui ne tarda pas à venir...

La jument me répondit, elle avait l'air affolée, ou apeurée. Peut-être que ma présence la troublait, ou était-elle en admiration devant... moi ?! Je fis un mouvement troublant avec mes sabots. Ses paroles me firent rire, moi, appartenir à un clan ? Qu'elle question, elle ne se doutait de rien. Je décida de lui jouer une petite blague, car oui, j'adorai les blagues. Je m'ébourais pour remettre mon toupet caramélisé en place. Puis d'un air sournois je lui répondis.

" J'appartiens au clan du Printemps. "

Lui répondis-je, toujours avec cet air sournois et avec froideur. Je la fixa, et hésita à lui demander si elle aimait avoir un pouvoir, Or si j'utilisais maintenant un de mes pouvoirs, je serai... Grillé. Je respirais fort, peut-être la colère qui somnolait en mois c'était réveillée ?

Sea semblait amusé. Mais par quoi ? Puis, toujours avec la même froideur, il me dit qu'il appartenait au clan du Printemps. *Je ne l'aurais pas vu dans ce clan*, pensai-je. En fait, en y réfléchissant, je ne l'aurait vu dans aucun clan. Il avait l'air suffisant, un peu sournois mais mystérieux. Il me cachait quelque chose. Pourquoi ne pas me dire la vérité ? Soit c'était une blague, soit il ne me faisait pas confiance. *Normal, on ne se connait que depuis quelques minutes à peine* me dis-je. Mais en attendant, il me cachait toujours quelque chose. Ses yeux paraissaient rieurs, et son air amusé me faisait plus penser à une blague qu'autre chose. Mais une blague à propos de quoi ? De son prénom ? Non, il paraissait sincère. De son clan peut-être ? C'est à ce moment-là qu'il avait paru rieur. Je décidai donc de tenter quelque chose au risque de me rendre ridicule, mais au moins j'aurais été fixée ...

" Non mais honnêtement, tu n'appartiens pas au Printemps ... Tu ... Tu ... Tu es un cheval suprême ! Ce ... Cette sensation quand tu es entré .. Ton regard si perçant .. Le fait que je ne te voie dans aucun clan .. J'ai raison n'est-ce pas ? "

Je comprenais tout à présent. J'étais mortifiée. Et dire que je l'avais pris pour un cheval ordinaire ... Je m'ébrouai et tentai de remettre mes idées en place. Premièrement, je m'étais rendue ridicule devant un cheval suprême. Deuxièmement, il avait l'air de bien le prendre malgré son ton froid et distant. Troisièmement, je suis une imbécile. Je choisis d'en rire. Un grand sourire apparut sur mon visage. Puis je relevai la tête et poussai un petit hennissement.

J'étais sur le point d'être démasqué. Cette jument, du nom de Siska était plus qu'intelligente. Une très bonne jument, à la fois belle aussi, devrais-je dire...

" Non mais honnêtement, tu n'appartiens pas au Printemps ... Tu ... Tu ... Tu es un cheval suprême ! Ce ... Cette sensation quand tu es entré .. Ton regard si perçant .. Le fait que je ne te voie dans aucun clan .. J'ai raison n'est-ce pas ? "

Je ne savais que dire pour lui répondre, je levais la tête pour regarder la nuit qui commençait à tomber et les étoiles que l'on pouvait elles aussi commencer à distinguer. Mes yeux scintillaient, puis je me redressa et dévisageais Siska. * Que pourrais-je lui dire... * Je contempla le paysage qui nous entourait, et je réfléchissais. On pouvait remarquer un long silence pendant un moment, oui, je réfléchissais. On entendait nos respirations, nos deux cœurs battre pour que nous gardions la vie. Puis, je finissais par lui répondre :

" Belle et intelligente. Un don qui t'a été donné par dieu. "

Je me mis à rire, tout en me retournant pour quitter cette caverne. Je baissa ma tête, non, en fait elle n'était pas si basse. Je marchais tranquillement, mes oreilles changeaient souvent d'horizon, je voulais savoir ce qu'allait faire la jument ornée d'un alezan doré.

Le silence emplissait la caverne, amplifiant le bruit de nos deux coeurs, de notre respiration. Puis, il prit la parole après avoir longuement regardé autour de lui. Je n'osai presque plus respirer. Un mince filet d'air s'écoulait de ma bouche, assez pour respirer. C'était tout. Je ne bougeai pas d'un muscle, mes oreilles tendues vers lui, mon corps tout entier tendu dans l'attente de la réponde qui allait suivre.

" Belle et intelligente. Un don qui t'a été donné par dieu. "

Puis il parti. Calmement, sortant de la grotte. Bon, je m'étais peut-être un peu emballée sur ce coup là. D'une voie posée, je lui répondis :

" Merci. "

Puis, jetant un dernier coup d'œil derrière moi pour emplir ma tête de ces belles images, les joyaux scintillant dans la lumière, le feu qui ne faisait amplifier la majesté et la sérénité de ce lieu... Puis je le rejoignis et j'accordai mon pas au sien. Pas besoin de mots.

Entendant ses pas rejoindre les miens, cela me mit Heureux, il n'y avait pas d'autres mots pour définir cette expression de joie et de bonne humeur. J'hennis, et continua ma route, cette jument commençait à me plaire. Je me leva sur mes postérieurs, et plia l'antérieur gauche pour ainsi tendre l'antérieur droit. *o*

Spoiler:

A l'aide de mon encolure, je releva la tête d'un mouvement bref mais léger ce qui le rendit beau. Mon regard se dirigea vers la belle jument alezane, sans dire mot. Le soleil se couchait, on pouvait apercevoir dans le ciel un beau rose saumon suivi d'un petit bleu mélangé à du violet. Je m'arrêta quelques secondes, pour admirer les biens faits de la nature. Je sentais mon cœur battre, à travers mon poitrail. Je cligna des yeux, émerveillé par ce spectacle inhumain. Je regarda le sol, et j'y vis mes sabots couleurs jaunâtres... * Pourquoi ceux des autres sont-ils gris, voir noir ? ¨Pourquoi ai-je des sabots couleur Or ? * Question à méditer. * Aurai-je peut-être un jour une réponse clair et précise ? *Je leva ma tête, et me tournant vers Siska je décidais de faire une chose. Peut-être que cette chose allait changer ma vie, je ne sais pas, Siska est une belle jument. Mais elle ne doit pas croire que je suis un coureur de jument. Je suis Seabiscuit, l'étalon Suprême qui a hérité de ce Royaume! Mon nom raisonnait dans les airs, je pivotais mes oreilles afin de mieux entendre. C'était une illusion, car on entendant seulement le vent souffler faiblement, et les oiseaux gazouiller paisiblement. Je ne savais que faire. Je réfléchissais, qu'allais-je donc pouvoir faire ? Je m'arrêta, encore une fois. Puis, je regarda Siska, et tendis l'encolure pour lui donner un coup de tête affectif par dessus son encolure, on pouvait voir que je changeais de place sa crinière, ce qui m'amusa. Je pensais m'en faire une bonne amie, enfin, j'espérais m'en faire une bonne amie. Je ne voulais pas précipiter les choses. Je resta sur son encolure, puis quelques secondes plus tard je me retiras...

Mon cœur était empli de joie, ce qui devait certainement me faire rayonner comme un soleil. Un cheval suprême ! Un cheval suprême venait de me saluer à sa manière, tellement élégante, et poser amicalement sa tête sur mon encolure... Moi qui croyais que les chevaux suprêmes étaient des chevaux qui ne se mêlaient pas aux autres, imbus d'eux mêmes et autoritaires, incapables de la moindre affection... Seabiscuit n'était pas du tout comme ça. D'abord, sa présence imposait le respect et l'amitié à la fois, alors que certains négligent l'aspect amical pour affirmer leur autorité. Seabiscuit n'avait pas besoin de cela. Il dégageait une aura de puissance et de sagesse, tout en dégageant de la malice et de la joie. Un étalon surprenant en définitive. Lorsqu'il dégagea sa tête, je jouai avec malice, déplaçant un peu son toupet d'un coup de tête amical. Il avait l'air de le soigner, jamais un crin de travers. Je partis au petit trot, échappant de peu à son coup de tête, puis partit au grand galop en riant. En quelques foulées, il fut à mes côtés. Comme un songe...

" Dites donc monsieur le cheval suprême, quelle rapidité ! Je pourrais presque en abandonner la partie ... "

Puis je partis au grand galop, doublant, triplant même ma vitesse. Sachant pertinemment qu'il pouvait me rattraper quand il voulait. Je me mis au petit galop, sans toutefois me départir de mon panache. Je tournai légèrement la tête vers Sea, un sourire aux lèvres. C'est la moment que choisis un arbre pour se dresser devant moi. Je ne l'évitai que de justesse. J'étais morte de rire, il n'y a pas d'autres mots. Presque à m'en rouler par terre, je dis bien presque.

Me laissant seul, je décida de ne pas la suivre, mais de prendre un trot léger, qui me soulèverait au fur et à mesure des mes foulées certes lentes, mais gracieuses. Je tendis mon encolure vers le bas, la secouant de droite à gauche histoire de me faire désirer. J'étais plus qu'heureux et en plus en bonne compagnie. Ma queue étant en panache, je pris un tout petit galop. Je contournais la jument, mes yeux pétillaient de joie. Siska évita de peu un arbre, je piaffais, et me mis à rigoler. Un rire amusé, et enfantin. C'était rare de me voir comme sa, la jument avait de la chance. Elle était pratiquement la seule équidé à pouvoir me caractériser avec de vrai mots, elle commençait à me connaitre. Je rattrapa la jument, pris un grand galop, tout en faisant les plus grandes foulées que je n'eus jamais faites auparavant. Un vrai cheval de course, les autres pouvaient-ils penser. Je galopa, sentant le vent caresser ma robe, tout en entendant la Jument qui d'un coup se mit à rire. Je rua de part et d'autres regardant autour de moi, et je vis, cette jument, Siska. Oui elle se nommait Siska et elle était ornée d'un alezan doré. Cette jument du nom de Siska, je commençais à l'apprécier de plus en plus. Je m'ébrouais, me cabrais repartis aussitôt au galop. Je voulais me faire sentir, me faire entendre rien que par les liens des sabots. On pouvait sentir le sol vibrer quand je m'élançais au galop. * Magique, non ? * J'étais élancé, galopant, car oui Siska m'avait largement dépassé. Il y avait un énorme espace entre nous deux et je devais le rattraper. A chaque foulée, c'était deux mètres de gagner sur la distance qui nous séparait. Enfin, elle était à mes côtés, je ralentissais légèrement pour ne pas lui attérir dans les vertèbres. Mais trop tard. J'avais le poitrail à moitié dans son postérieur. Je vous laisse imaginer la situation, ce fût gênant pour moi, qui normalement n'aurait jamais eu l'envie de le faire. Je pivotais mes oreilles, de chaque côté. J'étais frustré. Je me dégagea de sa croupe, et retira mes antérieur qui se situaient de chaque côté de son postérieur. Je m'avança au petit trot, toujours aussi léger, et fini par déclarer.

" Toutes mes excuses, j'en suis navré. Ne vous ai-je pas fait mal ? "

Lui dis-je soucieux de sa santé. Je lui donna un coup de tête amical dans le poitrail, mes yeux étaient émerveillés par la jument qui illuminait mon âme. Je regarda le paysage, la nuit était enfin tombé.

" Qu'allons nous faire ? Voulez-vous changer d'endroit ? Ou rester dormir ici ?
* Je ne veux surtout pas rester là * Soupirai-je doucement.

Il était arrivé à une vitesse phénoménale, tellement phénoménale d'ailleurs qu'il m'en était rentré dedans. Il s'excusa platement, honteux. Sans me soucier de cet incident, mes lèvres s'étiraient d'un grand sourire, tout en lui faisant signe de ne pas s'inquiéter. Il hennit doucement.

" Qu'allons nous faire ? Voulez-vous changer d'endroit ? Ou rester dormir ici ? "

Soupir. À fendre l'âme. Il ne voulait pas dormir, c'était évident. Et puis je n'étais pas fatiguée. Je n'avais même jamais été aussi en forme. Rire, courir éperdument, c'est le meilleur moyen pour moi de chasser la fatigue, de l'oublier, de l'enterrer loin de moi. Le plus loin possible, pour qu'elle ne ressurgisse que bien plus tard. En fait, j'étais loin d'être fatiguée. Puis, je remarquai l'emploi du vouvoiement.

" Hé ! Tu m'as tutoyée jusqu'ici, et c'est pas parce que tu m'es rentré dedans que tu dois me vouvoyer ! Et puis ... J'ai envie de rester éveillée encore un peu. Toi aussi non ? Où veux-tu aller ? "

Sans nous en rendre compte, nous étions allés loin, et nous avions dépassés la caverne aux joyaux depuis longtemps maintenant. Nous étions en chemin. Ne restait plus qu'à choisir notre direction, et, avant ! Le murmure stoïque du vent me chuchotais doucement ce que j'attendais depuis longtemps. Une vraie et belle joie. Un bonheur parfait, presque injuste. Je voulais la partager avec lui. Je frottais affectueusement ma tête contre son épaule, espérant lui transmettre un peu de la joie sereine qui vibrait autour de moi. En moi. En nous deux.

Je ne répondis pas à ces questions. Je leva les yeux vers le ciel, enfin mon encolure vers le ciel, je pouvais contempler les étoiles. Je fis deux, trois étoiles filantes. Puis, je reconnus l'étoile d'Ours, celle qui normalement devait briller bien plus que les autres. Sauf qu'à cet instant, elle brillait beaucoup plus que toutes les autres qu'on avait à peine à distinguer. J'en eus des frissons dans le dos, je m'ébrouais. J'arrêta de regarder le ciel sombre, puis je plongea mon regard dans celui de Siska. Je souris, à peine. Pour montrer ma joie de vivre et ma noblesse. Ce mot là, "noblesse", je ne l'appréciais pas du tout. Passons. Mes yeux étincelant, hypnotisant fixaient la jument. Je sortis ma langue, (non, non) puis je me lécha les lèvres. Pour nettoyer à ma manière ma peau fine et ténébreuse. Je me mis à marcher, en quittant son regard lui aussi étincelant. Puis je leva la tête, et partis au galop, au petit galop.

Je secouais ma Queue de part et d'autres, et la mis en Panache. Un autre petit truc que j'aimais bien faire. J'entendis les sabots de Siska se joindres au miens, je ruais. La bonne humeur était plus forte que jamais, j'étais un peu plus heureux. Je traversais les arbres et les sapins qui me gênaient, en zigzagant. Mes sabots se posaient légèrement sur le sable moëlleux pour se relever aussitôt et ainsi de suite lorsque nous arrivâmes...

" Qui sont tes parents, connais-tu d'autres chevaux ici ? De la famille ici ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ? "

Je m'arrêta, pour lui poser ces questions. Je voulais la découvrir un peu plus ... Je m'allongea sur le sol, à côté d'un sapin, et invite la jument à me rejoindre, enfin si elle m'avait suivi.

Seabiscuit avait l'air tellement heureux... Au moins aussi heureux que moi en tout cas. Nous partîmes au galop, zig-zagant entre les arbres, virevoltant dans les sapins. Je peinais à suivre. Soudain, il s'arrêta. Se retourna et me regarda droit dans les yeux.

" Qui sont tes parents, connais-tu d'autres chevaux ici ? De la famille ici ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ? "

Il s'allongea. Je fis de même, de sorte que nos têtes se frôlent, mais ne se touchent pas complètement. J'eus un petit rire. Il risquait d'être déçu s'il s'attendait à une aventure éponyme digne d'une saga. Mon aventure à moi était toute simple. N'empêche, elle était mienne, et elle méritait d'être racontée. Tout simplement parce que chaque histoire, chaque passé est unique et a de la valeur.

" Ma mère était une anglo-arabe. Elle a fait énormément de compétitions, elle vivait dans un Haras. Mon père, je ne l'ai jamais connu. Un pur sang arabe qui s'est fait payer pour me mettre au monde. Tout ce que je sais, c'est que j'ai hérité de sa robe et, à ce qu'on dit, de son caractère un peu emporté. Ma mère s'est alors enfuie, pour me mettre au monde en pleine nature. toute mon enfance, je l'ai passée à fuir les humains qui voulaient nous attraper. Ma mère avait beaucoup de valeur. Et puis, quand j'ai eue six mois, nos chemins se sont séparés, tout simplement. J'ai gagné un autre troupeau, elle, est restée. Restée dans cette vie là. Mais je crois qu'elle a été reprise par les humains. En fait, je n'en sais rien. Je ne l'aurais jamais revue de toute façon. Ça aurait été presque mieux pour elle, elle avait eu énormément de mal à vivre sans son confort habituel. J'ai appris à vivre vraiment comme un cheval sauvage avec ce troupeau. J'y suis restée deux ans. Et puis, un jour, j'ai senti qu'il était temps de vivre ma vie, de ne plus dépendre de ce troupeau, de changer d'horizon. J'ai donc un peu voyagé, passant de troupeau en troupeau, sans jamais vraiment trouvé ce que j'attendais. J'ai fini par atterrir ici, et c'est quand j'ai passé les limites du domaine que je me suis sentie pleinement moi. J'ai senti que ma vie était ici. Auprès de vous. Voilà... À toi maintenant, j'ai envie de te connaître bien mieux. Tu restes un peu trop mystérieux... J'ai envie de savoir ce que tu aimes, ce qui t'a poussé à fonder ce domaine. Qui tu es, tout simplement. "

Je m'étais plongée dans une sorte de transe lorsque j'avais conté mon histoire. Soudain, je m'aperçus que j'avais oublié de répondre à le première partie de ses questions.

" Je connais Green Magical Horse, une jument pie ; Remember Me, un cheval muet ; Sakura, une sorte d'appaloosa palomino ; Douce Apocalypse, une palomino très maigre qui a l'air d'avoir vécu des choses terribles ; Solo et Amie, des espagnols ; Jessiki, qui a les yeux vairons ; Heartless, ta soeur... Et toi. "

J'écoutais avec émerveillement son histoire, lorsqu'elle s'arrêta. Elle avait du vivre pas mal de chose assez terrifiantes. Dire que moi, pendant ce temps je me prélassai avec ma soeur et mes parents. Enfin non, eux ils combattaient la guerre que les clans avaient causés il y a quelques années. Ces années précédentes, j'étais trop jeune pour combattre avec mes parents... Ils y laissèrent leur peau & leur chair. Je posa ma tête sur mes membres antérieurs, et soupirais légèrement. J'étais fatiguée, j'avais passé une longue journée aux côtés de Siska. Je lui répondis, de façon à ne pas trop en dire.

" Ce n'est pas très important... Ma vie ressemble à celle des autres Chevaux Royal qui peut y avoir dans le Monde. La guerre... Des clans qui se déchirent, des alliances se sont formées. Quand j'étais plus jeune, mes parents combattaient la guerre que les clans ont causés, ils y laissèrent leur peau pour protéger le domaine. Ma sœur et moi, nous eûmes vécu en compagnie de Mirage, tu le connais ? Ils nous a élevé, puis nous avions fondé ce Domaine, un peu plus âgé. J'espère que je ne t'ennuie pas trop... "

J'étais à la fois soulagé et fatigué. Je lui avais raconté ce que jamais je n'avais dit à quiconque. Je mis mes oreilles en avant, j'écoutais les hiboux chanter leur mélodie du soir & du matin. Je plongea mon regard dans celui de Siska, les étoiles nous faisaient de la lumière, c'était magique. Je donna un coup de tête plus qu'amical dans l'encolure de Siska.

Ainsi, Seabiscuit avait grandit sans ses parents... À cause de la guerre. J'ignorais que la guerre existait entre les clans. Chez les humains, oui, mais chez les chevaux ? Seabiscuit me donna un affectueux coup de tête. Une drôle de sensation m'envahit, comme un courant électrique tiède et infiniment agréable qui envahissait mes membres, ma tête, mon dos... Mon cœur. Sentant qu'il venait d'aborder un sujet sensible, je ne m'attardais pas sur la guerre. Il avait l'air d'en avoir assez pensé comme ça. Je choisis donc de parler de Mirage. Mirage, qui m'avait attribué mon pouvoir. Mirage, qui m'avait donné le feu. Je le sentais vibrer en moi, comme un léger bourdonnement ténu, sur qui je pouvais compter à tout moment. Oui, j'avais rencontré Mirage. Mais mieux vaut une petite démonstration qu'un long discours n'est-ce pas ? Tout doucement, je m'immergeais dans mon pouvoir, jusqu'à me sentir prête. Alors, je tournais le regard et une brindille devant moi s'embrasa. Puis je l'éteignis. Elle était intacte.

" Oui, j'ai déjà rencontré Mirage. "

Pas besoin d'en dire, plus, il avait compris. Mais lui aussi devait avoir des pouvoirs... Il était un cheval suprême après tout. Je ne serais même pas étonnée si il en avait plusieurs. Doucement, affectueusement, je posais la tête sur son encolure. Et restai comme ça. Enfin, après un long moment, je me retirai et lui demandai d'un ton enjoué, contrastant avec l'émotion qui m'avait envahie.

" Toi aussi tu as des pouvoirs. "

C'était une affirmation, pas une question. Il ne pouvait en être autrement. Son immense vitesse peut-être...

Siska me fit une fine démonstration en enflammant une brindille, j'éclatais de rire. Elle posa sa tête sur mon encolure, je souriais. Oui, moi aussi j'avais des pouvoirs, je sentais le danger à plusieurs milliers de kilomètres & ainsi prévoir des intempéries. Je pouvais galoper sans m'arrêter pendant plusieurs semaines à une vitesse ahurissante, et le pouvoir de guérison. Je pouvais guérir n'importe quel cheval dans n'importe quel circonstance. Je me tus, et me mis à admirer les sons que la nature pouvait produire à cette heure là. Peu de temps après Siska se retira, je lui demanda d'un ton intrigué.

" Pourquoi te retires tu, tu ne m'apprécies pas ?

Puis, je me releva, et jeta un regard fusillant. Puis me mis à marcher, tête baissée. Qu'allait-il m'arriver, ça je n'en sais rien. Siska est une belle jument et son passé n'est pas commun... Comment a-t-elle pu survivre contre ses bipèdes. J'en eus des frisons dans le dos. Apparemment elle ne m'aimait pas très bien. Enfin, c'est ce que j'en avais déduit.

" Pourquoi te retires tu, tu ne m'apprécies pas ? "

Il se releva et s'éloigna. Froidement, sans regarder en arrière. Je sentis mon âme se déchirer. Il en emportait une partie avec lui. Je ne savais plus ce que je ressentais. Quand j'arrivais à faire le point, je savais. Je savais que j'étais totalement et irrémédiablement amoureuse. De lui. Je me relevai à mon tour, le dépassa au petit trot et fit volte-face. Lui coupant la route.

" Les meilleurs moments sont les plus courts. Et ... Bien sûr que je t'apprécies. Même bien au delà de ce que tu pourrais t'imaginer. "

Et, comme on pouvait être deux à jouer à ce jeu là, je repartis. Rejoindre l'arbre sous lequel j'étais couchée. Sans regarder derrière non plus. Le chat et la souris. Sans qu'on sache très bien qui était le chat et qui était la souris... Je restai debout, et baissai la tête. Et, doucement, je sombrai dans un profond sommeil, un sommeil agité. Je rêvais que je tombais dans un gouffre sans fond, et que Seabiscuit me regardait tomber en ricanant. Horreur. Je m'éveillais en sursaut, le corps emperlé de sueur. Personne. J'étais triste, très triste. Sans réfléchir, comme une automate, j'avançai vers la caverne. L'endroit où je l'avais rencontré. Près du feu éternel. La rejoindre me prit une partie de la nuit. Arrivée à l'entrée, je m'endormais à l'entrée de la caverne, près du feu. D'un sommeil profond et sans rêves cette fois.

" Les meilleurs moments sont les plus courts. Et ... Bien sûr que je t'apprécie. Même bien au delà de ce que tu pourrais t'imaginer. "

Me disait-elle, je resta arrêté à l'écouter. Puis elle repartit. Quelques secondes plus tard, je la sentis sursauter, je me retourna et elle était déjà partie. Je partis en trombe à sa recherche. Trottant attentivement entre les sapins & les rochers. L'herbe virevoltait dans tous les sens lorsqu'un de mes quatre sabots s'y posaient lourdement. Derrière, on pouvait voir des marques laissées par mes sabots. * La caverne, oui elle doit être à la caverne ! * Je partis en galopant en direction de la caverne aux joyaux. J'étais complètement à l'opposé, j'étais frustré. Je perdais tout mes repères, les paysages se confondaient, la nuit s'y mêlait. J'hennisais. J'eus un moment de crainte. Puis, je reconnu l'endroit où Siska eut failli se prendre un arbre. Je rigola une seconde, ce qui m'arrivait ne me faisait pas rire, à partir du moment où je reconnu quelque chose, je pouvais savoir où j'étais. Puis, pour retrouver Siska, j'utilisais mon pouvoir pour la flairer. Je me concentra, une odeur apparût. * OUI ! C'est elle * Je re hennissais de joie mais aussi d'inquiétude. Je me posa légèrement, puis me leva doucement sur mes deux postérieurs. Ainsi je secouais ma fine tête brune. Je me reposa sur mes quatre membres, puis analysa les alentours. J'étais seul, parmi cette nuit épouvantable et pleine d'actions. Tout droit, c'était là qu'il fallait aller ! Je repartis au galop sans même passer par le trot, puis au loin je vis l'éclat des joyaux illuminer la nuit. Content, je retrouvais cette sensation. Je galopais, encore et encore. Sans même savoir si quelqu'un me suivait ou m'espionnait. Je m'en fichais, je voulais revoir Siska! Mes naseaux se dilataient, puis reprirent leur forme habituelle. Je la vis, coucher... Spurement en train de somneler. Je ralentissais, passant au trot, l'observant se reposer. Je lui donna un léger coup de tête sur le chanfrein, puis, un doux quoi de léchouille sur le visage, et m'allongea à ses côtés. Je lui dis d'une voix paisible.

" Je suis là, ne t'en va pas. "

Puis je posa ma tête sur mes antérieurs qui étaient étendu sur le sol.

" Je suis là, ne t'en va pas. "

Est-ce un rêve ? Né de mon envie folle de le revoir, de le retrouver ? Je ne sais pas. Engloutie dans un demi-sommeil, j'entends confusément quelque chose mais je refuse de me réveiller. Je veux savoir, mais je n'y arrive pas. Je sens que quelque chose me retient dans mon sommeil. Je suis comme prisonnière, prisonnière dans mon propre sommeil. C'est idiot, je sais, mais je sens qu'il est là, je veux le rejoindre. Sea... Mais je n'y arrive pas. Je me débat, je glisse et retombe au point de départ. C'est frustrant, et ça fait peur. *Calme toi Siska... Depuis quand on arrive à ses fins quand on est complètement affolé ?*. La voix de la raison. J'ouvre enfin les yeux et... Il est là. Couché à côté de moi. Je me pince pour voir si je ne rêve pas. Non, c'est bien lui. Je le reconnaitrais entre mille. J'étouffe un hennissement de joie, et, doucement, avec une infinie tendresse, je repose ma tête sur son encolure. Pour ne plus la retirer cette fois. Je laissai mes pensées vagabonder. C'était tellement plus facile maintenant... Je repensais à tout ce que j'avais accompli en venant ici. J'ai trouvé Sea, j'ai reçu le cadeau du feu, j'ai rencontré des personnes formidables... Car oui, ce sont des personnes, et non de simples chevaux. Plus j'y repensais, plus je savais que j'avais fait le bon choix en arrivant ici. Car c'est ici qu'est ma place, et qu'elle le sera toujours. Je relevai la tête, une fois de plus, mais c'était pour le regarder droit dans les yeux.

" Je t'aime... "

Lui dis-je dans un souffle. j'avais enfin déballé ce que j'avais sur le cœur. J'espérais tellement que mes sentiments étaient réciproques... Je me rendis compte que j'avais beau fanfaronner en disant que le vie continue mais sans l'être qu'on aime, si Seabiscuit ne partage pas mes sentiments... J'en serais infiniment triste, et je sentais que je mettrais longtemps à m'en remettre. Très longtemps... Et encore plus longtemps à oser le regarder en face une nouvelle fois. À vrai dire, je ne savais même pas si je m'en remettrais un jour.

Je n'étais pas complètement endormi, étant couché sur l'herbe, je ne pouvais voir ce qu'il y avait plus loin.. Dire qu'il y a une bonne dizaine de minute j'étais complètement perdu dans la forêt. Je regarda les étoiles, puis je vis une étoile filante. Je fis un vœu. * J'espère ne pas me montrer sur le compte de Siska. * Pensai-je librement. Puis je sentis sa tête se poser sur mon encolure, je ne dis rien et souriais. Je pouvais dormir tranquille. Je chassa les mouches, venant voler autour de moi à l'aide de ma queue. * Des mouches la nuit, on aura tout vu ! * Je ferma les yeux, déplaça ma tête et la posa sur l'herbe. J'entendis un léger chuchotement qui me disait " Je t'aime ". Siska m'avait enfin dit qu'elle m'aimait. J'étais épanouie, puis je pensa à Heartless .. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien me dire ? A-t-elle elle aussi trouvé son bien aimé ? Je n'en savais rien. Je murmura à mon tour, me fichant des futurs avis des autres chevaux.

" Moi aussi, je t'aime Siska. "

Moi aussi, lui dis-je. Je referma les yeux, et me mis à somnoler. Je ne savais pas si elle allait partir dnas la nuit ou bien rester à mes côtés. Je n'en savais pas plus que ça... !

" Moi aussi, je t'aime Siska. "

*Oh Yeaah !!* J'avais envie de danser mon bonheur, de hurler ma joie au monde entier, de savourer mon euphorie, de me replonger dans la félicité qui m'avait envahie après qu'il m'eut chuchoté ce que j'attendais, je me rendais compte, depuis si longtemps... Au lieu de ça, je me blottis contre lui, cherchant à rester près de lui pour toujours. Doucement, je fermai les yeux, un sourire flottant au milieu de mon visage. Demain, me promis-je. Demain, nous irons autre part, et nous pourrions nous connaitre encore mieux. Car c'est vrai, si nos caractères respectifs nous avaient plu, nous ne savions pas nos gouts, nos peurs, nos secrets... Pas encore. Et je voulais apprendre tellement de choses à son sujet, ses endroits préférés, ses amis... Amies ? je me demandais si j'allais être jalouse. *J'espère pas !* Demain... Je m'endormis, ce mot-là me trottant dans la tête. Promesse. Je rêvais, je rêvais de nous trottant dans l'eau fraiche, avec toujours ce mot là. Demain...