We are on Meeeetic ♫ { PV ; Yes My Lord }

Les deux chevaux semblaient aussi joueur et aussi taquin l'un que l'autre. Peut être n'osaient ils pas l'avouer mais il devait éprouver un certain plaisir à se parler. Il emboita le pas à la jument blanche qui avait déjà détalé comme un lapin. Ça amusait Yes, c'était sur. Il la suivit, doucement au départ et donna un léger coup pour arriver à sa hauteur. Il ne pouvait s'empêcher d'apprécier la brise glaciale qui sévissait autour d'eux, d'apprécier la neige qui craquait sous leurs pas rapides.

Il appréciait le moment. Pour une fois qu'il appréciait quelque chose ! Il sentait quelque chose en cette jument, quelque chose qui, même si c'était un grand étalon bien puissant, le rassurait. Même si il n'osait l'avouer, il est sur qu'il avait baissé sa garde pour la laisser le connaitre. Ils réduirent l'allure, à l'unisson, regardant les alentours, à l'unisson. C'était assez beau en fait, quand on y pensait. Yes My Lord écouta la petite pique de la jument. Il sourit immédiatement.

« Pas le moins du monde » répondit il tout aussi malicieusement.

Il secoua sa tête avec vigueur ce qui eut pour effet de faire détaler un lièvre. Le pauvre, il a du croire sa dernière heure arrivée avec le débarquement de l'étalon noir ! Il bouscula, très légèrement, Heartless comme pour lui dire « tu m'provoques, j'te provoque », c'était mignon.

Yes My Lord, me dit d'une voix franche et sereine mais aussi rieuse, qu'il n'était pas du tout fatigué. Je gloussai. J'étais sûre que dans moins de dix minutes, si nous continuions à ce rythme, qu'il le serait, fatigué. Sur notre chemin, un lièvre quitta son terrier, vif comme l'éclair. Voyant arriver deux chevaux à toute allure, ce n'était pas étonnant.

Je levai la tête bien haut, puis parti dans un petit rire de réel bonheur. Je me sentais bien, là en ce moment même. J'étais dans mon élément, la neige qui allait si bien avec ma robe. Yes My Lord était à mes côtés, un cheval que je ne connaissais pourtant que depuis peu. Nous nous entendions bien, même si notre relation, mes sentiments envers lui étaient encore assez troubles. Nous galopions à l'unisson, et le galop pour moi était une allure qui me procurait plein de sensations. Aah, la vie était belle !

Je ne devais pas quitter le chemin de vu, nous devions sans cesse esquiver les arbres. Ce qui nous rapprochait, mais aussi nous éloignait l'un de l'autre. Lors d'un endroit assez dégagé, sans arbres, Yes My Lord me bouscula d'un coup de tête. Je lui retournai sa bourrade. Tout en riant, je le regardai, droit dans les yeux. Sans ciller. Nous nous taquinions gentiment. C'était comme si nous parlions, sans paroles. Zarbi.

Je voulais réentendre le son de sa voix. Jusqu'à maintenant, il ne m'avais pas encore parlé en faisant une phrase digne de ce nom. Une phrase longue. Malheureusement, je ne me voyais pas lui dire : " Parle, je veux entendre ta voix." Lui, aurait surement été capable de me le demander. Moi, non c'était trop franc. De plus, cela trahissait mes sentiments. Je ne voulais pas qu'il croit que j’en éprouvai envers sa personne. Non, ce n'était pas encore le cas. Du moins, je le croyais profondément;

• Yes était très confus, en ce moment même. Galopant tout aussi vite qu'Heartless, zigzaguant entre les arbres, il ne savait pas ce qui était convenable d'éprouver. Sa nature profonde était d'être un étalon, un vrai, un dominant, pas un soumis, roi de plusieurs juments et de plusieurs poulains. Cependant, les humains lui avaient barré la route et brisé son cher rêve et sa chère destinée et pourtant aujourd'hui, ce n'est plus que que sa nature profonde lui réclamait. Il ne peut pas mettre des mots sur ce qui le rend comme ça, si... joyeux ? Il appréciait vraiment Heartless car elle avait été au delà de l'apparence terrifiante de l'étalon noir et peu, voir aucune personne avant elle ne l'avait fait.

« Nous sommes si différents et pourtant, c'est comme si nous nous étions toujours connus. Je me vois mal, après ce long moment passé près d'elle, vivre comme si rien ne s'était passé », il le pensait haut et fort dans sa tête, si fort qu'il avait même peur qu'elle l'entende. Il voulait lui dire mais il ne voulait pas risquer de lui faire peur, peur comme tout le monde avait peur de lui. Il ne voulait pas qu'elle finisse sur la liste des « Je suis effrayé rien qu'en voyant Yes My Lord débarquer ». Il voulait lui montrer.

Ni elle, ni lui ne parlait et malgré la concentration dont ils devaient faire preuve pour ne pas se prendre un arbre ou une branche, ils semblaient tout aussi troublés ! Le silence était pesant et ne couvrait même pas le bruit de leurs sabots, c'était quelque chose de pratiquement palpable, incroyable. Yes My Lord ne se souciait de rien en ce moment, il savourait les secondes, de peur qu'elles prennent fin, comme quand il perdit son troupeau et sa fierté avec. Il voulut réagir et pila aussi sec, déclenchant alors un petit nuage de neige. •

« Heartless, pouvons nous nous arrêter un moment ? »

Je sentais que quelque chose n'allait pas. Yes My lord n'affichait pas la même temps qu'il y à dix minutes. Bizarre. Encore plus bizarre. Yes My lord s'arrêta net. Causant dans son brusque mouvement, ou plutôt, absence de mouvement, un petit nuage de neige. La neige virevoltait autour de lui. Je m'arrêtai à mon tour, un ou deux mètres après lui. Je revins sur mes pas, me rapprochant de l'étalon noir. Je levai la tête pour avoir mon regard à sa hauteur.

« Heartless, pouvons nous nous arrêter un moment ?
- Bien sûr, Yes My Lord. Qu'y a-t-il ? »

Je sentais dans sa voix du sérieux. Je supposai donc que ce n'était pas le moment de le charrier ou de rigoler. En revanche, quelque chose que je ne voulais pas dans ma voix, se manifesta. De l'inquiétude dans ma réponse. Comme s'il avait quelque chose de grave et de très sérieux à me dire. Mmh. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Peut-être qu'il avait juste mal quelque part.. Ou alors, il était fatigué et il voulait reprendre son souffle ? Pourtant il ne respirait pas bruyamment, comme quelqu'un d’essoufflé. Donc, la fatigue ne l'avait pas gagné. J'en déduisais, qu'il voulait simplement me parler. J'attendais.

• Yes My Lord gardait son calme et franchement ça devait être impressionnant ou flippant. Quelques secondes auparavant, il souriait discrètement, charriait la belle jument blanche et voilà que là, maintenant, il s'était arrêté et semblait des plus sérieux. Heureusement qu'il avait à faire à une jument intelligente et non pas à une écervelée complète comme il avait eu (à son grand regret) l'occasion de rencontrer. •

• Il apprécia l'attention que lui porta, à l'instant, Heartless. •

« Pardonne moi d'être si soudain, ce n'est réellement pas dans mes habitudes mais voilà, j'ai un problème. Je ne sais pas pour toi, mais je suis troublé. Je suis franc, je n'irais pas par quatre chemins. Quelque chose m'intrigue chez toi, me fascine et rien au monde en cet instant ne pourra me détourner de toi »

• Il fut soulagé et libéré après lui avoir dit ce qu'il ressentait, une partie tout du moins car si il lui déballait tout, elle fuirait, ça c'était sur. Et d'ailleurs, saurait-il tout lui dire ? Vu qu'il n'était déjà pas sur de savoir ce qui se passait en lui. Il garda son attitude princière, royale, et il en était de même quelque soit la situation. •

Lorsque Yes My Lord prit la parole, je failli pousser un cri. Ce qu'il avait dit était tellement .. franc. C'était tout ce qu'il ressentait. Il avait une façon bien à lui de dire de tels mots. « Pardonne moi d'être si soudain, ce n'est réellement pas dans mes habitudes mais voilà, j'ai un problème. Je ne sais pas pour toi, mais je suis troublé. Je suis franc, je n'irais pas par quatre chemins. Quelque chose m'intrigue chez toi, me fascine et rien au monde en cet instant ne pourra me détourner de toi » Je ne savais vraiment pas quoi lui répondre. Mes sentiments envers lui étaient simplement assez confus. Je l'aimais bien, oui. Mais après tout, nous ne nous connaissions que depuis peu. Je voulais apprendre à le connaître un peu plus, ça, j'en était sûre. Il m'intriguait. Mais je ne me voyais pas, à ses côtés toute ma vie.

" Euh, je ne sais vraiment pas quoi te dire. Que veux-tu que je réponde à cela ? Je ne suis pas sûre de réussir à te déballer tout mes sentiments avec la même franchise. "

Que pouvait-il bien me répondre à cela ? Il me regardait, dans le blanc des yeux. Je détournai mon regard. Reportant mon attention sur un envol d'oiseaux un peu plus haut au dessus de nos têtes. Je respirai profondément, ne voulant pas que mon souffle trahisse ma nervosité. Je n'aurai pas dû m'arrêter. J'aurait dû continuer à galoper, lui faire signe de me suivre. Il m'aurait parlé de cette chose si importante, plus tard. Ou pas.

« Soit »

L'étalon s'éloigna un peu de la jument blanche. Il n'était pas déçu de sa réponse, il n'était pas penaud d'avoir dit ce qu'il pensait, c'est juste qu'il savait que la promiscuité mettait mal à l'aise Heartless. Il aurait tant voulu ne jamais l'avoir connu. Il évidait le monde, l'amitié et tout ce qui pouvait ressembler à une relation car il savait qu'un jour ou l'autre ça lui causerait des problèmes. Avant de rencontrer la jument suprème, il ne pensait qu'à lui, à son propre bien être, à la meilleure façon de persécuter les jeunes chevaux alors qu'à cet instant présent, il se sentait presque incapable de faire plus de 100 mètres sans sentir les tremblements intermittents de cette, en fait, inconnue.

Il regarda l'envol des oiseaux, lui aussi, tout en ayant des idées mélangées. Beaucoup de souvenirs se poussaient dans sa tête, ses moments passés de bonheur qui en l'espace de quelques années avaient disparus. Sa famille, même si il est complètement asocial, avait toujours été primordiale et le fait de les avoir perdu le perturbait toujours autant si ce n'est plus avec le temps. Il les aimait et ne voulait s'engager dans une autre relation de peur de perdre, encore. C'était un étalon alpha dirons nous, c'est sur et certain, fier, libre, sauvage, indomptable, intouchable mais une seule chose pouvait l'atteindre: ses sentiments.

Un froid s'était un peu installé. Je n'aimais pas cela. Yes My Lord comptait pour moi, seulement, je n'étais pas sûr de mes sentiments. Nous ne nous connaissions pas encore assez pour que je puisse affirmer quoi que ce soit. Une de ses phrases me revint en mémoire. « Yes My Lord, étalon des plaines du Wyoming. Mon troupeau a très surement perdu la vie par la main des bipèdes et moi, de peu, je leur ai échappé. A dire qu'ils croyaient m'avoir ceux là. » J'avais vaguement entendu parler des plaines du Wyoming.. et les bipèdes, j'en avais déjà entendu parler, oui. Pas en bien, non. Dans sa phrase, il n'était pas certain que son troupeau ait perdu la vie à cause des hommes. Peut-être que sa famille était toujours en vie ? Qui sait. J'aurais aimé bénéficier du pouvoir d'être omnisciente. Cela aurait été génial, mais en même temps, pas du tout. Tout savoir, absolument tout, du présent, du passé et du futur. Incroyable. Je voulais qu'il me raconte son histoire, son passé si douloureux, comment était sa famille, ses amis - s'il en avait - et là où il vivait. Je voulais qu'il se livre à moi, qu'il me raconte tout, sans cacher ses émotions. Que je puisse interpréter le moindre de ses gestes, de ses pas, de ses paroles.. Que je le connaisse comme ma poche. Oui, j'aimais tout savoir.

« Yes, Raconte moi ton histoire, je veux tout savoir de toi. »

Ce n'était pas une question, c'était une affirmation. Ce n'était pas un conseil, c'était un ordre. J'espérais qu'il l'avait compris. Je n'allais pas lui dire deux fois. J'avais besoin de savoir, je voulais arriver à le cerner. Il fallait qu'il m'aide à le faire, en se livrant, en me racontant son passé.

Il ne savait pas quoi dire ou plutôt, mieux dit, il n'avait pas très envie de parler. Yes My Lord n'était jamais bavard, ne s'étalait jamais sur sa vie car une grande partie de la populasse équine ne méritait pas de l'entendre, de plus, il ne voulait pas en parler. Cependant, oui cependant, il y avait un mais aujourd'hui, un mais d'une pureté absolue, d'une blancheur éclatante. Heartless lui déliait la langue sans le savoir, elle lui donnait l'envie d'exorciser ses peurs, son passé et tout ce dont il voulait faire abstraction. Il était fort Yes My Lord, mais empli d'honneur et de fierté.

Yes, Raconte moi ton histoire, je veux tout savoir de toi.

La phrase résonnait dans son crâne, en faisait le tour et encore le tour, cognait à l'intérieur comme pour vouloir sortir, il s'y refusait. Il ne savait pas si il allait lui céder, ou au contraire ne rien dire. Oh mon dieu, que c'était compliqué pour lui. Géné, ou pas justement, il piétina la neige sous ses sabots antérieurs avant de secouer énergiquement sa crinière d'ébène.

« Heartless, pardonne moi mais je ne sais pas si un jour j'en parlerai, aussi aisément ou difficilement soit il »

Il refusait. Il refusait de parler. Il refusait de se confier. Cela m'attristait, cela me bouleversait. J'aurais tant aimé être celle à qui il se serait confié, ouvertement. Mais peut-être qu'un jour.. ? À force de persuasion, peut-être était-ce possible. Je me demandais pourquoi ne voulait-il pas parler de son passé, de son enfance. Il parlait si peu de lui même. Moi à côté, en vraie bavarde, je lui avais délivré beaucoup de moments de ma vie. Les plus importants, même. Je stoppai net.

« Bon, j'attendrais alors. Je sais être patiente quand il faut. Je sais que tu te déchargeras du poids de tes souvenirs un jour ou l'autre, lorsque tu seras prêt. Ce jour là, je serais là pour t'écouter. »

Je voulais qu'il sache, qu'il comprenne, que si un jour il avait besoin de moi, que j'étais là. Qu'il vienne au Palais me rendre visite, je l'accueillerais comme il se doit. Je levais la tête, le vent s'engouffrait dans mes naseaux, cela me fit frémir. Il était temps. Je n'avais pas vu le soleil qui se couchait, je n'avais pas vu cette douce après-midi qui s'en allait, qui se terminait. Il fallait que je m'en aille, que je rentre. Lui aussi devait surement partir, il n'allait pas rester ici dans le froid de la neige pour dormir, si ? Remarque ! Plus rien ne m'étonnait de sa part. C'était cette part mystérieuse de Yes My Lord qui m'attirait.

« Je suis désolé, je dois m'en aller. Je suis sûre que nous nous reverrons. Reviens un de ces jours me saluer au Palais, tu es la bienvenue. »

Et tout bas, j'ajoutais dans un chuchotement à peine audible, « J'ai déjà hâte de te revoir, alors que je ne suis même pas partie, mon Yes. » Ce mon n'était qu'affectif, ma façon de lui montrer que je l'aimais beaucoup. De là à dire que j'avais des sentiments amoureux pour lui, non! Ce n'était pas vraiment ça. J'en étais presque sûre. Je lui tournai le dos, en direction du Palais, je m'en allais. Sans un regard en arrière pour voir si il était toujours au même endroit, le vent m'emmenait, me guidait jusque chez moi.

Spoiler: